Fulgence Girard – aujourd’hui

Pensez-vous que Fulgence Girard ait sombré dans l’oubli ? Détrompez vous. En plusieurs lieux nous voyons des personnes qui s’intéressent à lui et qui travaillent plus ou moins modestement à diffuser ses œuvres ou des informations sur lui. Des éditeurs américains (Kessinger Publishing, 2009) ou britaniques (The British Library, 2010) publient ses livres ; sa page wikipédia est crée (octobre 2008) par un érudit ; dans les bibliothèques de l’ancienne économie (c’est à dire les livres en papier) des chercheurs compulsent ses ouvrages et reconstruisent son histoire. Et bien sûr nous-autres, ses descendants, associés à l’association des amis de la Haute Ville (Granville) perpétuons aussi son souvenir.



Réédition de Berthe la maréieuse (2007, 2016)

Voir la page de présentation du livre ici.

À l’occasion du bicentenaire de la naissance de Girard, en 2007, l’association des amis de la Haute Ville de Granville associée à l’éditeur de notre site web ont réédité une de ses nouvelles : Berthe la maréieuse. En 2014, le fascicule été épuisé et a fait l'objet d'une réédition étendue, sous forme de livre.

La Médiathèque Charles de la Morandière à Granville où nous avons conduit une partie de nos recherches.

Histoire

Berthe la maréieuse est l’histoire d’une jeune pêcheuse de Granville qui un jour est piégée par la marée montante. Son amoureux, Pierre, la sauve en l’aidant à se réfugier dans une grotte du Roc, où ils attendront la marée descendante. Leur sentiment mutuel est si tendre et si fort qu’ils ne peuvent s’empêcher de le concrétiser. Quelque-temps après, Berthe se retrouve enceinte, mais la famille de Pierre refuse qu’il l’épouse. Le drame se développe sur la trame de cette histoire et nous ne la révélerons pas ici. Cette histoire est censée débuter en 1766, plusieurs décennies avant sa parution en 1834, et l’auteur prend soin de nous dépeindre avec précision les sentiments et la société de l’époque, non sans laisser paraître son propre point de vue critique sur les mentalités d’alors. Aussi bien le style littéraire est assez marqué de son époque, l’analyse et la critique sociale qui transparaissent nous semblent aujourd’hui étonnamment modernes. Girard dénonce avec virulence le rigorisme de la société dont il démontre les effets criminels : en rejetant un phénomène somme toute naturel (les conséquences de l’amour et de la sexualité), la société s’est rendue coupable de la déchéance et de la mort de deux innocents. La situation n’avait aucune raison de se dénouer ainsi sans les rouages aveugles et écrasants de la société où les personnages sont contraints de vivre et de s’y conformer.


La grotte de Lihou, où se sont concrétisés « les plus saints penchants de l’âme ».

Extrait

  Ce qu’est pourtant la justice des hommes, et à quoi tient pourtant la félicité d’une vie !
Des parents joyeux s’empresseraient autour d’elle ; le carillon des cloches, la voix des amis annonceraient au monde sa délivrance par un hymen de fêtes ; toutes les voix s’adouciraient pour lui murmurer des vœux de félicité : et sa chambre est déserte ; une figure seule sourit près de sa couche, et c’est un sourire de douleur ; il faut qu’elle dévore ses larmes, il faut qu’elle boive en secret son amertume et son fiel. Elle cache son enfant dont elle serait fière, car son orgueil fait sa honte.
Pourquoi ?
Parce que nos mœurs ont fait un crime des plus saints penchants de l’âme, et un trafic de chair des plus chastes nœuds.
Parce qu’un imprudent n’a pas trouvé dans son cœur d’homme assez de fermeté pour se livrer à la vertu.
Il a soufflé sur une existence, et cette existence en fleur s’est desséchée comme la lande de la plaine ; et lui, aux applaudissements, s’endort heureux sur un autre amour.
L’homme a passé là ; comme une limace sur un lis, il en a bu les parfums et la rosée et y a laissé sa souillure ; et l’on rejette le lis ; et la limace cuve son ivresse dans le calice d’une autre fleur.
Berthe la maréieuse, p. 33

Éditions

Cette histoire a été éditée dans La France Maritime (voir plus loin), d’Amédée Gréhan, vers 1834, et rééditée plusieurs fois. Elle est aussi incluse dans le livre Sur nos grèves (1840). Selon la date des éditions, la maréieuse s’écrit avec un i ou un y, avec ou sans accent, l’orthographe de ce mot ayant changé au cours du temps.
La réédition de 2007 est sous la forme d’un livret A5 de 43 pages, qui était vendu 4 € dans les librairies de Granville.

Lexique

Dans la nouvelle, de nombreux termes et expressions utilisés dans le texte étaient vieux, locaux ou inusités, et méritaient un peu plus d’attention. Nous avons donc entrepris quelques recherches, et nous avons été en mesure d’éditer un lexique. Ce dernier était joint au fascicule sous forme d'insert détaché, et a été inclu dans l'édition de 2015. Voir plus loins pour lire ou le télécharger.

Granville au XIXe siècle

Épilogue

Fin 2007, peu après avoir bouclé l’édition du fascicule, nous avons découvert chez un membre de la famille, une nouvelle édition de la même histoire, datée de 1840. Le texte y est considérablement étendu (environ 30 000 mots, contre 14 158 mots en 1834), et était rallongée d’un épilogue !
Comme dans tout bon épilogue littéraire, l’auteur y explique, à la première personne, avec l’accent de la vérité, comment il en est arrivé à raconter cette histoire, qui sont les personnes, réelles, qu’elle concerne, et ce qu’elles sont devenues à ce jour, plus de cinquante ans après les faits.
À la lecture de cet épilogue, je ne peux personnellement me laisser aller à imaginer que c’est une histoire vraie, tout au plus une légende vivace inspirée de faits divers déformés par la tradition orale, que Girard a décidé un jour de mettre en prose. Sur le rocher, dans la grotte, le lichen rouge du sang des victimes est toujours là, mais j’ai cherché sans succès les initiales gravées dont il parle. Le fait qu’il place son récit en un lieu précis (Granville) à une date précise (« un des premiers jours d’avril 1788 ») intensifie l’impression de véracité, mais n’est-ce pas là un effet littéraire connu ? A-t-il créé cette histoire ou existait-elle avant qu’il ne la raconte ? Pour l’instant nous n’en savons pas plus. Mais nous vous laissons le soin de vous faire votre propre idée, car nous publions sur ce site cet épilogue retrouvé (en image uniquement, une transcription est prévue dans le futur).
Extrait :
  Plus d’un demi-siècle s’est écoulé sur cette catastrophe, et cependant le souvenir en est resté si profondément gravé dans la mémoire des habitants de cette partie du littoral, que fort peu des nombreux baigneurs qui, durant les beaux jours, viennent chercher, quelques-uns la santé, la plupart le plaisir, sur cette belle plage sablonneuse, s’en éloignent sans avoir accompli, sur l’invitation des ciceroni du lieu, un tendre pèlerinage à la grotte et aux rochers théâtres des scènes dramatiques de ce récit.
Voir plus loin pour la version PDF.

Berthe la maréieuse en téléchargement

Célébration du bicentenaire de sa naissance

L’association des amis de la Haute Ville de Granville, ainsi que plusieurs descendants de Fulgence Girard se sont réunis le 22 septembre 2007 pour célébrer le bicentenaire de sa naissance. À cette occasion, sa mémoire et son œuvre ont été évoquées. Nous donnons ci-dessous le communiqué de presse relatant cette rencontre.

Communiqué de presse
Granville, Hommage rendu à Fulgence Girard, écrivain granvillais

Cérémonie émouvante à l’Espace Cambernon samedi 22 septembre 2007 : on fêtait ce jour là le 200ème anniversaire de la naissance de Fulgence Girard, écrivain, avocat, fondateur de journaux… fils de capitaine corsaire et petit-fils d’armateur, né le 21 septembre 1807 à Granville, où il habita au 29 de la rue Saint-Jean. Sa carrière littéraire le conduisit à Paris. Il passa les dernières années de sa vie à Bacilly, où il mourut en 1873.

L’Association des Amis de la Haute Ville a pris l’initiative d’honorer ce littérateur granvillais contemporain de Victor Hugo et d’Eugène Sue, auteur de nombreux ouvrages et études historiques, maritimes et archéologiques : Histoire de la Marine Française, Histoire du Mont Saint-Michel, Annuaire d’Avranches…

Pour marquer le bicentenaire de sa naissance, l’Association des Amis de la Haute Ville a procédé à une réédition de Berthe la maréieuse, nouvelle dont l’action se situe à Granville, publiée dans La France maritime en 1853, et, sous forme de feuilleton, par Le Républicain Granvillais en 1980 et 1981. Cette cérémonie s’est déroulée en présence d’un public s’intéressant à l’histoire locale, et de plusieurs descendants de Fulgence Girard restés fidèlement attachés à leurs racines granvillaises.

En honorant la mémoire d’un écrivain de la Haute Ville, cette manifestation culturelle contribue à la mise en valeur du patrimoine granvillais. L’ouvrage Berthe la maréieuse est disponible dans les librairies de Granville.

C’est sur la grève du nord que débute l’histoire de Berthe. Berthe est piégée par la marée montante et se réfugie dans une grotte avec son amoureux Pierre. Berthe tombe enceinte suite à cette union éphémère, et de là se développe le drame de l’histoire. Il y a de nos jours un escalier sur le rempart du nord. Certaines personnes ont fait remarquer que si, à l’époque, cet escalier avait existé, il aurait évité bien des ennuis à notre pauvre Berthe… d’où l’idée de lui donner son nom ! Cette proposition, qui n’eût pas de suite, avait été faite par un lecteur du Granvillais le 20 avril 1873, en hommage à Girard juste décédé. « l’escalier de Berthe la mareyeuse » n’a toujours pas de nom aujourd’hui.

Photos. Ci-dessus : l’escalier, départ au niveau du rempart. À gauche : l’escalier descendant le long de la falaise, vue générale depuis la grève.


Explications et discours sur Fulgence Girard par l’association et des descendants. Sur la photo : Jacqueline de Laborderie.

À l’espace Cambernon, point de vente de Berthe la maréieuse rééditée pour l’occasion. Les discussions vont bon train sur l’auteur et l’ouvrage.

À l’escalier du rampart du nord, l’escalier de Berthe la mareyeuse, le président de l’association, Emmanuel Collignon, montre la maison où Fulgence Girard a habité à Granville. À droite, nous voyons des granvillaises en costume traditionnel, portant la fameuse coiffe dite bavolette.

Épitaphe

Tombeau de Pierre Fulgence Épitaphe sur la stèle tombale au cimetière de Bacilly :
Viens à moi toi dont l’âme à la peine asservie
chemine sous son poids sans trêve ni merci.
Je te soulagerai moi, la voie et la vie.
Vous l’avez dit mon Dieu, confiant, me voici.

Ô vous qui m’aimiez, que j’aimais et que j’aime
Que votre cœur ici ne s’ouvre qu’à l’espoir
La tombe… c’est le port de la plage suprême
Le terme de l’exil… En Dieu donc, au revoir


Bibliographie critique

Nous avons rassemblé ici tous les articles, textes et autres qui font référence à Fulgence Girard et que nous avons retrouvés, et que nous avons mis dans une page séparée (ne pas confondre avec la liste des écrits de Fulgence Girard, qui est dans une autre page encore).

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La recherche de feuilletons dans les périodiques sur Gallica est une horreur. Il vaut mieux télécharger les documents, et les consulter sois-même chacun avec ses petits logiciels préférés. Dans cette optique, je me suis construit quelques index. Les thumbnails sont trop petits pour lire, mais on voit quand même de quel feuilleton il s’agit. Ensuite, pour chaque fascicule, il y a le lien vers les deux visualiseurs de la BNF et vers une copie PDF.
La copie PDF est la meilleure forme que j’ai réussie à exporter du site (mieux que la version TIFF), mais elle n’est pas aussi précise que la visualisation directe sur le site.

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