Le “Vanderbilt”

Article de Fulgence Girard paru dans Le Monde illustré n°9, p. 5, le 13/06/1857.


À propos de cet article

  • Le navire est censé avoir pris le nom de son armateur M. Vanderbitt, mais l’orthographe ne coïncide pas entre ce nom et celui du navire, le Vanderbilt. D’après The Ship List, ce navire, pesant 3 360 tonnes, est bâti en 1855 par Mr. Cornelius Vanderbilt de New York, et fait la ligne de New York au Havre, incluant par la suite Southampton. Il est donc possible qu’il y ait une faute d’orthographe dans l’article (M. VanderbittM. Vanderbilt).
  • Cornelius Vanderbilt I (27 mai 1794 – 4 janvier 1877)Cornelius Vanderbilt I (27 mai 1794 – 4 janvier 1877), était un entrepreneur américain qui bâtit sa fortune dans la construction maritime et les chemins de fer. Il était le patriarche de la famille Vanderbilt. Fils de Cornelius Vanderbilt et de Phebe Hand, il était le quatrième enfant d’une famille qui en comptait neuf.
  • Lorsque la Guerre de Sécession éclate, Vanderbilt donne son navire au gouvernement américain (l’Union, nordiste), le 24 mars 1862, qui le dote de quinze canons. De novembre 1862 à janvier 1864, le Vanderbilt tente d’intercepter le CSS Alabama (sudiste), perturbant fortement le commerce de l’Union. (source)
  • Cliquez sur ce lien pour en savoir plus sur la Guerre de Sécession, sur la Famille Vanderbilt (Wikipédia).

Le Vanderbilt.


Le « Vanderbilt »
Le « Vanderbilt »
Le Havre vient de recevoir dans ses bassins le navire le plus gigantesque qui ait encore sillonné les mers ; long de 340 pieds, sur une largeur de 59, il en mesure 33 de profondeur, et ne jauge pas moins de 5,268 tonneaux. Deux machines de la force de 1,250 chevaux chacune, impriment le mouvement à ses roues, dont le diamètre est de 42 pieds.

Ce puissant steamer, dont notre gravure représente l’image, offre dans sa construction et dans son aménagement tout le luxe et tout le confortable des paquebots les plus riches. Il est destiné à faire la traversée de New-York au Havre.

Il a été construit par M. J. Simonson, habile ingénieur américain, sur les plans et sous la direction de son armateur M. Vanderbitt, qui lui a imposé son nom. Cétait bien son droit: ce navire n’est pas en effet seulement sa propriété, il est son œuvre.

M. Vanderbitt n’a pas cherché à introduire d’innovations dans la construction de cette vaste machine flottante ; tous ses efforts n’ont eu d’autre objet que d’y réunir les divers perfectionnements consacrés ou indiqués par l’expérience, et n’ont tendu, par conséquent, qu’à l’élever au plus haut niveau atteint par l’architecture navale. Aussi son aspect est-il celui de ces embarcations de plaisance où toutes les lignes sont combinées pour allier l’élégance des formes à la rapidité du sillage ; ce sont les façons sveltes et évidées d’un yacht, ses bossoirs élancés, sa gracieuse et coquette carcasse ; c’est le North-Star, plus la grandeur. Telle est la finesse de son gabarit, que ce léviathan ride à peine les eaux qu’il sillonne. Il égale, s’il ne surpasse en vitesse, les paquebots les plus rapides.

Le Vanderbilt, avant de cingler vers l’Europe, a touché à Washington, où il a reçu en quelque sorte une consécration nationale ; les membres du parlement ont accepté le dîner que son propriétaire leur a offert à bord de son puissant navire, et tout la marine des États-Unis a sanctionné les éloges qui lui ont été alors si honorablement donnés.

Fière déjà du vaisseau de guerre le Niagara qui vient d’étre lancé dans ses eaux et qui dépasse encore de 15 pieds la longueur du Vanderbilt, la presse entière de l’Union l’a salué d’une acclamation d’enthousiasme. « Nous pouvons nous vanter, comme Américains, s’écrie le F. Leslie’s illustrated Newspaper, d’avoir aujourd’hui, à nous, le plus grand vaisseau de ligne et le plus grand navire marchand qui existent au monde ! »

Cet orgueil national semble avoir froissé les susceptibilités britanniques. Si le bruit qui circule est réel, les parieurs du sport peuvent préparer leurs enjeux, car jamais le turf n’aura vu de derby pareil à celui dont les plaines grondantes de l’Atlantique vont devenir la piste. On assure que l’armateur du Persia, le meilleur marcheur et le plus grand des pyroscapes anglais, a porté un audacieux défi au propriétaire du Vanderbilt. Ce serait une joute de vitesse entre les deux navires partant d’un port d’Amérique pour un port d’Europe ; le navire vaincu serait le prix du bâtiment vainqueur ! On affirme également que l’armateur américain a relevé le gant.

Nous verrons bien.

F.G.


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