—Et demain matin, questionna Mlle Geneviève Outremécourt, que faisons-nous? quel est le programme ?Le livre raconte en détails l'histoire du Mont depuis les Gaules jusqu'à nous jours, embarquant de nombreuses erreurs. Voici ci-après le récit de l'évasion de Colombat (il sera plagié dans Le Mont-Saint-Michel et ses merveilles, 1919 [msm-esm]). Il comporte plusieurs erreurs mais donne une idée générale.
—Demain, mademoiselle, nous visitons la merveille: Saint-Michel au péril de la mer
Le seul prisonnier qui soit jamais parvenu à s’évader des cachots du Mont, est un peintre du nom de Colombat, qui avait été emprisonné à la suite d’une manifestation politique en 1832. Comme il avait été chargé de restaurer les peintures de l’église, il avait à sa disposition tout un matériel, notamment des cordages et une lanterne pour éclairer les coins sombres. En 1842, ayant soulevé une dalle dans la pièce où il était détenu, il parvint à l’entrée d’un puits, dans lequel il descendit à l’aide de sa corde. A sa grande terreur, il aperçut, à l’aide de la demi-clarté que sa lanterne sourde projetait dans les ténèbres de ce gouffre, des squelettes dans toutes les attitudes. Les uns gisaient pêle-mêle sur le sol humide où erraient des légions d’araignées et de scolopendres; d’autres, retenus au mur par des carcans d’acier, témoignaient que les malheureux enfermés dans cet abîme y étaient morts lentement de faim. C’était une oubliette ou in-pace, qui ne lui offrait aucune issue pour s’évader.D’autres recheches, notement le résumé dans Prisonniers au Mont-Saint-Michel de Robert Sinsoilliez (2006, [pamsm]) qui y consacre un chapitre de cinq pages, me permettent d’amender ce texte. Il n’aurait pas été le seul évadé : sans compter ceux qui se sont fait prendre en cavale, un autre détenu s’évade le 12 juin 1860, puis un certain Charles Auguste B. le 12 janvier 1863.Après deux autres tentatives infructueuses, il parvint enfin à s’échapper par un conduit souterrain donnant accès sur les grèves. Il se réfugia à Jersey, et ne revint en France qu’en 1848, lors de l’amnistie accordée aux condamnés politiques. Il s’établit à Caen où il ouvrit un restaurant: À la descente du Mont Saint-Michel. Il y racontait volontiers les détails de son internement et des diverses péripéties par lesquelles il était passé avant de parvenir à s’évader. Il est mort en 1881.
Colombat avait été pris lors de l’insurection réduite au cloître de St-Merry (5–6 juin 1832) où il avait pris une part active, et l'évasion avait eu lieu du 24 au 25 juin 1835 [maitron-28952]. Le Journal de l'Ain raconte le 05 août 1836 qu'il est arrêtée en Belgique cet été 1836 [JOURNALAIN-18360805] pour la même condanmation (relâché?). Il gagne Jersey où il exerce le métier d’aubergiste. Il bénéficie en 1837 de l'amnistie accordée Le 8 mai 1837, à l'occasion du mariage du duc d'Orléans (que Sinsoilliez place en 1834 et attribue Comte de Molé, président du cabinet gouvernemental sous Louis-Philippe). Il en revint donc en France pour se fixer à Avranches. Il visite le mont où d'autres prisonniers politiques croupissent encore, et prend contact secret avec eux en mai 1840, mais l'administration, méfiante, parvient à l'éloigner [pamsm]. Il finit par s'installer à Cean où il crée un café : le « Mont-Saint-Michel ». [maitron-28952] Pour ceux qui souhaitent une version plus complète du récit de l'évasion, nous vous renvoyons au texte littéraire de Fulgence Girard dans Histoire du Mont Saint-Michel, comme prison d’État, pp. 106-112, dont vous pouvez trouver le PDF sur notre site. Nous avons enfin une bibliographie en grande partie alimentée par ce même correspondant, ci-dessous.