“Mon arrière-grand-père était à Solferino”
par Françoise Guyon Le Bouffy
Au cœur du XIXe siècle, l’étonnante histoire de Félix Isidore Victor Le Bouffy (1812-1872) reconstituée à partir de documents familiaux et de recherches dans divers services d’archives.

L’ouvrage

À travers le récit d’une vie, celle de Félix Isidore Victor Le Bouffy, nous parcourons soixante ans de l’Histoire de France, du Premier Empire à la Troisième République… de Cherbourg à Solferino… Au fil du récit, nous découvrons ce qu’étaient, au début du XIXe siècle, le sort des enfants trouvés ou la vie des marins embarqués pour Terre-Neuve… Nous suivons Félix, fantassin sous le Second Empire, à travers l’historique de son régiment jusque sur le champ de bataille de Solferino.

Sommaire

Félix Isidore Victor Le Bouffy, 1812-1872
“Cheveux et sourcils noirs, poil brun, yeux gris, front ordinaire, bouche grande, menton rond, visage ovale, nez moyen, teint clair.”
C'est sur la base de cette description tirée du dossier militaire que l’illustratrice Virginie Siveton a dessiné ce portrait en 2019 (CC-BY-SA).
 Introduction
 Nous étions dix cousins
 Sources et choix de présentation
 Quelques repères dans le temps
Une brassière de tricot de laine blanche
En famille
Mousse dans “la Royale”
En route pour Terre-Neuve
Le choix de Félix, l’infanterie de ligne
La campagne d’Italie 26 avril-12 juillet 1859
Le journal de campagne du 34e RI
Retour en France et mariage
Le temps des deuils
 Épilogue
 Remerciements
 Sources bibliographiques
 Liste des encadrés
 Liste des arbres généalogiques
 Liste des cartes

Les « encadrés »

En marge du récit du parcours de vie de Félix Isidore Victor Le Bouffy, des “encadrés” apportent un éclairage sur le contexte historique, relatent des faits peu connus ou donnent des précisions d’ordre documentaire… Les “encadrés” sont au nombre de vingt quatre, en voici la liste :
  1. Dans le port de Cherbourg, la submersion de la digue
  2. Année 1812 : dates marquantes
  3. La prise en charge des enfants trouvés
  4. L’almanach impérial
  5. Le Nageur (navire)
  6. Le Saumon (navire)
  7. Les terre-neuvas
  8. Témoignage d’un mousse (G. R. Le Pelley de Pléville)
  9. L’infanterie de ligne
  10. Quand un régiment tient garnison
  11. Une “Ville de garnison” selon Stefan Zweig
  12. L’engagement fidèle de Fulgence Girard
  13. Qu’allions-nous faire en Italie ?
  14. L’armée engagée dans la campagne d’Italie
  15. Il s’était illustré à Solferino… (Général Bazaine)
  16. Le 34e à Solferino
  17. Les historiques de régiment, source documentaire
  18. Les cantinières
  19. Les musiques de régiment
  20. Peintres de batailles
  21. Solferino en chiffres
  22. Un Suisse venu pour affaires… (Henry Dunant)
  23. Deux noms pour une bataille
  24. Un monastère abrita les bateaux du Génie

À titre d’exemples, quelques uns de ces encadrés sont proposés ici en téléchargement :

Quelques extraits

Cherbourg, l’histoire d’un port face aux Anglais…

Page 31

L’histoire du port de Cherbourg est marquée par sa proximité avec les côtes anglaises. Depuis le XIIIe siècle, l’Angleterre convoitait cette place forte dont elle s’empara à plusieurs reprises. D’où la préoccupation d’en faire un grand port abrité.

Ce fut une idée tenace.

Sous le règne de Louis XIV, Vauban souhaite profiter de la position de cette forteresse, face à l’Angleterre, pour en faire un grand port pouvant accueillir la flotte royale. Il envisage de fermer la rade par deux digues, l’une partant du Homet, une autre partant de l’île Pelée.

Faute d’argent, les travaux furent à peine ébauchés et les incursions anglaises se poursuivirent. La dernière invasion, celle de 1758, provoqua la destruction complète du port et des fortifications de la ville. C’est sous Louis XVI que les travaux reprirent avec l’édification de forts et plusieurs tentatives pour construire une digue à une lieue du rivage.

Après les troubles de la période révolutionnaire, c’est Bonaparte qui donna l’ordre en 1802 de reprendre les travaux de la digue et du port militaire.

Granville, grand port morutier

Page 123

Granville est une vieille cité normande, construite sur une avancée rocheuse, battue par les vents et les tempêtes. Du haut de sa falaise abrupte et déchiquetée, repliée derrière ses remparts, elle occupe, depuis le Moyen-âge, une position stratégique au nord de la baie du Mont Saint-Michel.

Dans cette citadelle, tout est rude et massif à l’image du granite dont elle est faite. C’est dans le granite que furent taillés les blocs de ses murailles et de ses tours de guet, dans le granite aussi, les pierres de son église et les murs de ses maisons. Bien serrées les unes contre les autres, ces bâtisses résistent au temps, aux guerres et aux violentes tempêtes de l’hiver.

Au temps de la marine à voile, le port, bien abrité du gros temps, vivait au rythme des campagnes de pêche à Terre-Neuve et, en temps de guerre, des expéditions corsaires menées contre les navires anglais.

Granville était depuis le XVIe siècle un grand port morutier. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, l’activité s’amplifie. Entre 1722 et 1792, le port arme plus de quatre mille morutiers embarquant cent trente-cinq mille hommes

Après une baisse de son activité morutière pendant la Révolution et l’Empire, le port de Granville retrouve son dynamisme à partir de 1817 avec l’armement de cinquante -deux navires. Au milieu du XIXe siècle, cette activité est à son apogée : au printemps 1850, quatre-vingt voiliers prennent la direction de Terre-Neuve.

À la veille de la Première Guerre mondiale, il n’en reste plus que vingt-quatre, le dernier morutier sort du port de Granville en 1933.

Mais en 1830, lorsque Félix Le Bouffy s’embarque pour les bancs de Terre-Neuve, le port de Granville est en plein essor.

L’intendance ne suit pas…

Page 262

Pendant toute la campagne d’Italie, l’intendance est défaillante.

Le problème apparut dès le début en ce qui concerne les vivres1, et il perdura. Ainsi, au lendemain du combat de Montebello, Hippolyte Larrey2 écrit dans une lettre à l’intendant général du corps expéditionnaire : « Près de 800 blessés ont été nourris pendant quatre jours par la commisération publique. »

Plus tard, à Castiglione, Henry Dunant témoigne : « Ce sont des bataillons entiers qui n’ont point de vivres, et des compagnies auxquelles on avait fait mettre sac à terre et qui sont dénuées de tout ; ailleurs c’est l’eau qui manque, et la soif est si intense qu’officiers et soldats recourent à des mares boueuses. »

Les services de santé dépendant de l’intendance, les défaillances de celle-ci ont des conséquences dramatiques dès les premiers combats.

Dans son ouvrage sur l’armée du Second Empire, Henri Ortholan n’hésite pas à écrire : « Lors de la campagne d’Italie, le rythme des opérations est trop rapide pour que l’intendance puisse soutenir correctement l’armée en campagne. Le service de santé en subit les conséquences. Ce sont des unités sans soutien médical qui partent au feu. De fait, l’empereur lui-même est impressionné par la misère des blessés à l’ambulance de Voghera. Le champ de bataille de Solferino sera malheureusement le sommet de l’horreur en ce domaine. »


Notes :
  1. Souvenons-nous du discours prononcé immédiatement après le franchissement des Alpes, par le général Canrobert évoquant cette défaillance. (Voir p. 199)
  2. Chirurgien de l’Empereur

Le camp de Chalons

Page 317

Le camp militaire de Chalons résulte de la volonté de Napoléon III. Les espaces disponibles dans les camps déjà existants, Compiègne, Saint-Omer, Sathonay… ne permettaient pas les grands mouvements de troupe déployant en même temps l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie. Le camp de Chalons, avec ses 10 000 hectares est aujourd’hui encore l’un des grands camps d’entraînement de l’armée française.1

Napoléon III signe le décret de création du camp le 16 juillet 1857. Les premières installations sont inaugurées, avec fastes, par l’Empereur le 30 août de la même année.

Les travaux se poursuivent dans les années qui suivent : pavillon d’accueil pour l’Empereur, sa famille et les invités d’honneur, aménagements paysagés pour les espaces de cantonnement de la troupe , entrepôts pour les cartouches et la poudre, mais aussi des installations hospitalières d’une capacité de cent lits, un bureau de poste, des bibliothèques… Et pour finir, en septembre 1857, une gare, celle de Mourmelon, qui marque la part grandissante prise par les transports de troupes par voie ferroviaire.

Sous le Second Empire, à partir de 1857, le camp accueillit chaque année entre 25 000 et 30 000 hommes pour y effectuer des grandes manœuvres.

Voici ce qu’en dit Henri Ortholan dans son ouvrage sur l’armée du Second Empire :

« Se déroulant sur de grands espaces découverts, les manœuvres présentent un caractère compassé sans grand rapport avec les nouvelles nécessités de la guerre, et attirant toujours un important concours de foule pour assister au spectacle.[…] Ces exercices pouvaient donner le sentiment que l’armée du Second Empire se préparait beaucoup plus aux guerres précédentes qu’à celles qu’elle serait conduite à affronter. »

Un autre témoignage nous vient du général du Barail2 : «  C’était ordinairement de grandes manœuvres de combat qui duraient une bonne partie de la journée, avec une effrayante consommation de poudre, contre un ennemi figuré ou non. Toutes les dispositions étaient prises d’avance, indiquées clairement aux chefs de corps, et les mouvements se déroulaient avec une logique irréprochable et une régularité parfaite. Ces exercices ne me passionnaient pas assez pourtant pour me faire oublier ce qu’ils avaient d’un peu théâtral et de nécessairement conventionnel. J’avais fait assez la guerre pour comprendre qu’ils ne la représentaient que très vaguement, et que toute cette poudre brûlée n’avait guère pour effet que d’amuser le public. »


Notes :
  1. Source : L’armée du Second Empire d’Henri Ortholan.
  2. Le général de division François Charles du Barail (1820-1902) fut ministre de la guerre sous la présidence du maréchal de Mac-Mahon.

Quelques illustrations

Page 40 16 août 1813, l’immersion de l’avant-port Dessinateur Eugène Isabey (1803-1886) Graveur Benedict Piringer (1780-1826) Fonds de la bibliothèque municipale de Cherbourg
Page 42 5 août 1858 Napoléon III accueille la Reine Victoria dans le port militaire de Cherbourg. Gravure : Godefroy Durand
Page 154 Les étudiants au pont de la Concorde L’histoire de la révolution de 1848, par Daniel Stern (nom de plume de Marie d’Agoult)
Page 156 Journées de juin 1848 Insurgés conduits dans les prisons L’histoire de la révolution de 1848, de Daniel Stern.
Page 188 La Une du Monde illustré du 30 avril 1859 (n°107). L’intérieur de la caserne Napoléon le 23 avril 1859 au moment du départ du 84ème pour Toulon, d’après un croquis de M. Robert, lieutenant à ce régiment.
Page 259 La bataille de Solferino par Adolphe Yvon (1817-1893)
Page 259 Napoléon à la bataille de Solferino par Jean-Louis Ernest Meissonnier(1815-1871)
Page 264 M. Pierre Bry, imprimeur, transformé en homme de corvée pour ramener des blessés : il ramène à Médole deux Français et un Autrichien. (Croquis envoyé par M. Jeanron) Le Monde illustré, 16 juillet 1859, n°118.
Page 277 Gonflement d’une montgolfière pour la reconnaissance des positions ennemies à Peschiera. Le Monde illustré, 16 juillet 1859, n°118.

Exemple d’extrait de l’historique du 34e RI

Page 317

La bataille de Solferino
24 juin 1859

Ce 24 juin, réveillée par le bruit des canons, la division Bazaine quitte ses campements vers six heures du matin, traverse Castiglione, et arrive à neuf heures et demie, après une marche à travers champs, au pied des hauteurs de Solferino, où le combat était engagé.

Les zouaves d’abord, et, bientôt après, le 34e sont lancés contre le cimetière ; le régiment était en marche depuis trois heures sous un soleil brûlant et au milieu des vignes. Le colonel Pinard arrête le régiment, lui fait déposer les sacs, et, sous le feu de l’ennemi, le forme en colonne ; le 1er bataillon sous les ordres du commandant Henrion-Berthier, s’élance au pas de course et gagne une crête élevée faisant face au village. Ce bataillon s’établit ainsi dans cette position et couvre de ses feux la route du cimetière et les jardins environnants.

Les trois premières compagnies du 2e bataillon, sous le commandement de leur chef, le commandant Gouzy, descendent vers le village sous une grêle de balles et de mitraille, délogent les tirailleurs ennemis embusqués derrière un fossé escarpé qui leur servait d’abri et occupent la gorge, le ravin de Solferino ainsi que le débouché du village dans la plaine.

Les trois autres compagnies du 2e bataillon et le bataillon Doussot (le 3e) en une seule colonne sous le commandement de leur colonel, marchent sur la crête principale voisine du cimetière.

Exposés à tous les feux, de la tour, des cyprès et du village, frappés du cimetière par des ennemis invisibles, les deux bataillons subirent de grandes pertes ; ils hésitent un instant.

Au moment où ils allaient s’arrêter et chercher des abris, le colonel Pinard, qui, à cheval, sous ce feu meurtrier, s’était élancé à leur tête, les entraîne mais tombe grièvement blessé.

Les soldats, à la voix du lieutenant–colonel Silvestre gagnent le plateau, mais assaillis par une grêle de balles, de boulets et de fusées, ils ne purent continuer leur marche contre l’obstacle insurmontable qui se dressait devant eux, le mur crénelé du cimetière.

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